Trump serre la main de l’ancien jihadiste syrien Ahmed al-Charaa

C’est une visite historique qu’a achevée en Arabie saoudite, mercredi, le président américain, d’habitude bien moins inspiré sur le plan géopolitique. Après une rencontre avec le numéro un de facto du régime saoudien, Mohammed ben Salmane, à l’occasion de laquelle ont été signés des contrats faramineux, il a, en effet, serré la main du président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Charaa, parvenu au pouvoir en décembre à la chute de Bachar al Assad. La rencontre, qui devait être initialement une simple salutation informelle, s’est transformée en un entretien d’une demi-heure, avec en outre le président turc, Recep Tayip Erdogan, en visio-conférence. Impensable il y a encore quelques semaines, d’autant plus qu’Ahmed Al Charaaa a dirigé un réseau djihadiste syrien affilié à Al Qaïda, dont l’organe central était responsable des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Le président syrien a toutefois rompu avec Al Qaïda en 2017.

Surtout, le président américain a non seulement annoncé la levée de toutes les sanctions américaines sur la Syrie, mais aussi fait valoir qu’il appelait Damas à normaliser ses relations avec Jérusalem. En clair entrer dans les accords d’Abraham, par lesquels les Emirats arabes unis et Bahreïn ont reconnu légalement Israël, rejoignant sur ce point l’Egypte et la Jordanie. A en croire Donald Trump, Ahmed al-Charaa s’est déclaré prêt à le faire, mais seulement après avoir résolu les principaux problèmes d’un pays dévasté par onze ans de guerre civile. La Syrie est officiellement en guerre avec Israël depuis 1948.

Donald Trump a aussi estimé que la rencontre s’était “très bien passée”, évoquant un “homme jeune et séduisant. Un gars costaud”. Alors qu’Al Charaa a figuré jadis sur la liste des jihadistes recherchés par les Etats-Unis. Pragmatisme.