Emmanuel Macron veut une nouvelle « Convention citoyenne », aussi inutile que les précédentes

Le héraut de l’Etat-nounou, qui a tout fait pour nous infantiliser depuis 2017, lance une troisième « Convention citoyenne » en dépit des échecs passés.

Il est temps que la présidence Macron se termine. Nous avions annoncé une lente agonie et ce n’est pas la dernière lubie du chef de l’Etat qui rehaussera le niveau.

En effet, Le Parisien (3 mai 2025) nous apprend que le président de la République lui a confié qu’il lancerait une « Convention citoyenne sur les temps de l’enfance ». Des citoyens tirés au sort plancheraient sur divers sujets (la durée des vacances scolaires, la durée des journées à l’école, l’heure de début des cours, etc.) à partir du mois de juin et jusqu’à la fin de l’année. L’organisation des débats serait le fait du Comité économique, social et environnemental (qui pour une fois servirait donc à quelque chose) et des « experts » (triés sur le volet comme on peut l’imaginer) seraient auditionnés. Des « préconisations » seraient rédigées par ces éminents citoyens (et il est prévisible qu’elles subiront le même sort que la « confiture de nouilles » de Pierre Dac).

Voici l’exposé des motifs donné par Emmanuel Macron au Parisien : « que l’on travaille à faire en sorte que l’organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu’un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles ». Il a étrangement ajouté : « La Convention citoyenne m’a semblé être l’outil de consultation des Français le plus adapté car c’est une question très complexe qui nécessitera de dégager de nombreux consensus ».

La secrétaire générale du syndicat SNES-FSU a déjà dit tout le bien qu’elle pensait de cette démarche (France Inter, 2 mai 2025) et cela laisse augurer des débats apaisés et constructifs…

Il est manifeste que le chef de l’État entend, après plusieurs mois d’atermoiements, donner substance à la promesse qu’il avait faite dans ses derniers vœux aux Français de « trancher » certains « sujets déterminants », même si en l’occurrence les français ne trancheraient rien et même si le sujet ne nous semble pas déterminant… Il n’en demeure pas moins que son initiative est un concentré de ce que le macronisme peut avoir de néfaste :

• De quel droit le Président de la République se même-t-il des « temps de l’enfance » ? Certes, il semble obnubilé par le sujet puisqu’il avait déjà œuvré à la nomination le 5 mars d’un « Haut-Commissaire à l’enfance ». Mais aucune de ses attributions constitutionnelles ne lui permet de traiter de ce domaine. Ajoutons que si la pratique gaullienne des institutions a fait du chef de l’État un monarque républicain, encore cela suppose-t-il qu’il dispose d’une majorité à l’Assemblée Nationale, ce qui n’est évidemment pas le cas actuellement.
• La méthode est en elle-même étrange : c’est un quotidien national qui fait part en exclusivité des « informations » reçues de la part de l’Elysée, citations du chef de l’État à l’appui. Cela nous semble plutôt cavalier.
• Emmanuel Macron, chef des Armées et de la diplomatie, n’a-t-il pas mieux à faire en ces temps troublés ?
• Les « Conventions citoyennes » sont une manifestation de la « démocratie participative », une idée orientée idéologiquement et particulièrement démagogique. Lire que cette « innovation démocratique » serait « l’outil de consultation des Français le plus adapté » laisse songeur et cela témoigne du mépris habituel du Président pour la démocratie représentative. De plus, lire qu’une Convention citoyenne serait un instrument d’autant plus adapté que la question est « très complexe » nous laisse pantois, car c’est justement un argument qui va à l’encontre de la création d’un tel organe.
• Les expériences précédentes de « Conventions citoyennes » n’ont pas été concluantes, et tout particulièrement celle sur le climat en 2019-2020, dont les recommandations ont été, heureusement d’ailleurs, largement mises à la poubelle.
• Enfin et surtout, c’est le système scolaire français, dont les résultats sont d’une rare médiocrité en dépit de l’importance des fonds qui lui sont alloués, qu’il faut modifier, et non pas ses modalités. La question n’est donc pas de créer un mécanisme prétendument démocratique pour aboutir, de toute façon de manière centralisée, à des réformes homéopathiques, mais de libérer l’école de son carcan.