Selon un sondage CSA, une majorité de sondés veut toutefois que les entreprises privées françaises jouent un rôle plus important dans le secteur de la santé
La Tribune Dimanche a dévoilé le second baromètre CSA pour Havas Red Health Paris (2e vague, avril 2025, 24 pages) consacré à la perception du système de santé français et au rôle des entreprises privées. Il en ressort une assez grande stabilité par rapport au baromètre publié il y a un an (« Quel rôle sociétal pour les entreprises en matière de santé ? », 26 avril 2024, 21 pages).
Les sondés pensent que notre système de santé fonctionne mal : 61 %, un chiffre cependant en baisse de deux points. La majorité est encore plus large pour ceux qui jugent que ce système n’évolue pas bien : 72 %, en hausse d’un point par rapport à 2024. On ne sera pas surpris par les motifs de ce mécontentement et de cette inquiétude : baisse de la qualité des soins, délais d’attente, manque de moyens et de soignants, urgences saturées. Sur le plan financier, la baisse des remboursements et la hausse des mutuelles sont notamment citées.
Les sondés souhaitent que les entreprises privées françaises (les sondages ne portaient que sur les entreprises nationales et il est permis de le regretter) jouent un rôle plus important dans la santé : 59 %, en hausse de deux points. Mais la perception des personnes interrogées est partagée sur le point de savoir si actuellement ces entreprises jouent ou non un rôle positif dans la santé, en gros un tiers pour, un tiers contre et un tiers qui ne sait pas.
Beaucoup plus intéressantes sont les dernières questions. Les répondants jugent majoritairement qu’il est « possible qu’un jour un gouvernement français ne se charge plus de la santé des Français et que ce rôle revienne à des entreprises privées » : 60 % contre 40 (c’était 59 % contre 41 en 2024, des chiffres donc extrêmement proches). Les moins de 35 ans sont de cet avis à 66 % et les actifs à 63 %.
En 2024, 52% des sondés (et même 59 % des jeunes) considéraient avec faveur que les entreprises françaises jouent un rôle plus important dans la santé, car cela allait « permettre de (lui) donner davantage de moyens ». En revanche, 25 % estimaient que ce serait négatif car « cela se (dirigerait) vers une privatisation de notre système de santé », 23 % ne se prononçant pas.
La question a changé en 2025, ce qui rend les comparaisons délicates. Seuls 25 % des sondés « souhaitent » (et non plus simplement « jugent possible ») qu’un jour le gouvernement ne se charge plus de la santé (30 % des actifs, 41 % des moins de 35 ans tout de même). 75 % désirent que le gouvernement continue de se charger de ce secteur.
Comme toujours, un sondage est à prendre avec des pincettes. Tout dépend de la précision de chaque question et de la cohérence entre les différentes questions. Mais il ressort de ce double baromètre qu’une large majorité de Français estime que notre système de santé est en souffrance et que le problème est préoccupant, que les entreprises privées, en tout cas françaises, doivent jouer un rôle accru, mais que l’État doit continuer à « se charger » de la santé.
On pourra y voir le verre à moitié vide ou à moitié plein suivant les cas, mais il est permis de penser que, compte tenu du poids actuel de l’État providence, de l’information qu’il diffuse comme de l’éducation qu’il prodigue, il existe beaucoup de Français assez lucides pour porter un jugement éclairé sur les tares de notre système actuel comme sur les vertus d’une libéralisation du secteur associée à un retrait de l’État.
2 commentaires
On peut aussi réfléchir à une solution intermédiaire : Fusion de la CSG et de la cotisation-mutuelle ; un Etat “arbitre” qui fixe les règles ; des systèmes assurantiels personnels (ce qui ne veut pas dire “privés”) par des mutuelles (à but non-lucratif, mais devant équilibrer leurs comptes) ; et un choix assurantiel plus ou moins élevé , la cotisation étant alors fonction du niveau de couverture souhaité par le patient potentiel et de son revenu. Les étrangers seraient ainsi contraints de payer leurs propres soins.
Le système de santé français ne fonctionne plus, la sécurité sociale rembourse de moins en moins et les hôpitaux sont à la ramasse. Cette administration a transféré ses tâches de saisie des feuilles de maladie aux pharmaciens, occasionnant des files d’attentes conséquentes dans ces officines, sans parvenir à diminuer ses coûts de fonctionnement.
Pourtant, les mutuelles, qui sont en réalité des entreprises, ne remboursent pas toujours mieux, au point que 6,5 millions de français n’en ont pas. Quand on s’amuse à faire le total annuel de ses cotisations de mutuelle et celui de ses remboursements, on s’aperçoit que les sommes qui lui restent atteint jusqu’à 1400 euros annuels. Au point que je commence à envisager de la quitter…
La preuve de l’efficience d’un système privé n’est donc pas apportée en ce domaine, ce qu’il faut c’est supprimer la prise en charge de certains soins mineurs et surtout l’assistance généralisée apportée à des personnes qui ne cotisent pas : un système mutualisé obligatoire ne fonctionne que si tout le monde cotise !