Le Sénat vient heureusement de rejeter la proposition de loi de taxation des plus riches. Une proposition infondée et par surcroît scientifiquement biaisée.
Le 12 juin, un « collectif transpartisan de plus de 200 élus » de gauche et d’extrême gauche (Clémentine Autain, Yannick Jadot, Fabien Roussel, François Ruffin, Marine Tondelier…), lesquels n’étaient d’ailleurs pas tous des « élus » (Lucie Castets, Cécile Duflot), signait une tribune dans Libération intitulée « Les ultrariches doivent contribuer comme tout le monde ». L’argument phare était le suivant : « Si l’on prend tous les prélèvements confondus, alors les milliardaires ne paient que l’équivalent de 27 % de leurs revenus en impôt, contre 50 % pour toutes les autres catégories sociales, et ceci grâce à des montages juridiques sophistiqués ». Puisque « notre régime fiscal fait état d’une régressivité de l’impôt pour les plus fortunés », « le milliardaire (payant) en proportion moins d’impôt que son ouvrier », la solution serait de fixer « un seuil minimal d’imposition à 2 % du patrimoine net pour les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d’euros ».
Nos lecteurs auront noté que l’on est passé des milliardaires aux millionnaires… Par ailleurs, et à supposer que le raisonnement soit exact, pourquoi alors ne pas abaisser la fiscalité de tous à 27 %, un taux déjà élevé, plutôt que d’égaliser le tout au taux confiscatoire de 50% ?…
De manière plus fondamentale, le « mythe » de la « taxe Zucman », du nom de l’économiste d’extrême gauche à l’origine de la proposition de spoliation des « ultrariches », vient officiellement de s’effondrer et l’on pourra s’étonner que cela ait pris tant de temps. En effet, plusieurs articles dans la presse ont mis en lumière le caractère antiscientifique du raisonnement.
Le Figaro (17 juin 2025) a consacré un article à la « taxe sur les grandes fortunes » avec pour sous-titre « les calculs de Gabriel Zucman remis en cause par ses pairs ». Il explique que le raisonnement est biaisé parce que les partisans de la proposition tiennent compte des impôts mais oublient soigneusement les transferts. L’Opinion (17 juin 2025) est plus précis. Dans son article intitulé « Des économistes critiquent les affirmations du promoteur de la taxation des milliardaires », il cite les réactions indignées de nombreux économistes (parfois de gauche ou d’extrême gauche, c’est dire !) selon lesquelles ces calculs sont controuvés. « Grossièrement faux », tonne l’un d’entre eux, pourtant très à gauche. En fait, Gabriel Zucman s’appuie sur une courbe d’imposition en fonction des revenus publiée dans un ouvrage co-écrit par Gabriel Zucman et… Thomas Piketty il y a une quinzaine d’années. Cette courbe additionne tous les prélèvements , y compris la TVA, ce qui alourdit inévitablement les impôts acquittés par les plus pauvres. Même des membres des « Economistes Atterrés » doivent reconnaître que les calculs sont faux puisque les plus modestes sont bénéficiaires net de la solidarité nationale et que leur niveau de consommation est soutenu par les prestations sociales qu’ils touchent. Conclusion : « Plus ils touchent en prestations sociales, plus leur taux de prélèvements en proportion de leur revenu apparaît comme élevé, puisque ces prestations leur permettent de consommer, ce qui génère le paiement de la TVA ».
En substance, les calculs effectués par Gabriel Zucman sont antiscientifiques, à l’image de ceux de Thomas Piketty, justement mis en cause par l’IREF à de multiples reprises.
Le Sénat a rejeté le 12 juin la proposition de « taxe Zucman », votée par l’Assemblée nationale, par 188 voix contre 129 (dont des voix centristes !). Le combat contre un fiscalisme accru n’est pas gagné pour autant puisque notre gouvernement aux abois cherche activement de nouvelles sources de rentrées fiscales.
7 commentaires
Thomas Picketty, c’est bien ce normalien, prof à Normale Sup (ne pas sortir du cénacle des supérieurs) qui veut faire payer un loyer aux propriétaires de leur logement, en plus de la taxe foncière… Qui nous débarrassera de ces hystériques de l’égalitarisme et du toujours plus d’impôts, toujours pour les mêmes ?
Economiste de gauche, quel magnifique oxymore !
Tout ce blabla sur les ultra-riches se termine toujours par un accroissement des taxes qui touche tout le monde.
Un autre point me paraît aussi illogique : le raisonnement s’appuie sur un total d’imposition sur les revenus pour proposer une taxe sur les patrimoines. Or revenus et patrimoine ne sont pas de même nature (l’un est du flux et l’autre du stock); une telle confusion ne peut aboutir qu’à toutes sortes d’injustices. Si la taxe Zucman visait les dividendes ça me paraîtrait plus logique (mais pas pertinent pour autant).
d’une manière général, toute taxation d’actif est une aberration majeure, je comprends la taxation des profits, et des flux d’argent comme la TVA, mais la taxation d’actif, qui ont été acquis après s’être acquitté d’impôts déjà conséquent, c’est incompréhensible si ce n’est à cautionné un sentiment malsain de jalousie, entre ceux qui ont tout dépensé au fur et à mesure, comptant sur la générosité de l’Etat en cas de coup dur, et ceux qui ont économisé pour les coups durs, ou pour transmettre à leur proche. Ce n’est pas l’actif qu’il faut taxer, mais encourager cet actif à générer de la richesse que l’on pourra taxer… Et n’oublions pas, qu’un bon impôt, c’est un taux faible sur une base large….
Peut être que si nos énarques arrêtaient la stupidité des impôts sur le capital et sur les successions, les individus seraient plus enclin a se constituer du capital pour s’assurer des retraites convenables, sachant que ce qu’ils laisseront en cas de décès précoce profitera à leurs enfants ou a leurs proches…
Le patrimoine des “zultra-riches” est composé essentiellement d’avoirs boursiers… les fluctuations spectaculaires de leur “fortune” (hormis leurs bons ou mauvais investissements) est souvent corrélé aux fluctuations boursières… Taxer les ultra-riches reviendrait donc à les forcer à vendre leurs entreprises (à l’étranger) pour éponger la trésorerie courante de l’état. Bref, liquider du capital et réduire encore l’économie française.